Julien Renault

Écrivain - Éssayiste
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Un geste, un sentiment, un regard, une intonation, une phrase, un mot. Voilà le point de départ. Le point de départ de toutes les histoires. Pour moi, ça a commencé avec les matchs de football.

Si l’on n’aime pas les histoires, on peut dire sans se tromper qu’il s’agit d’un sport dans lequel 22 hommes en short, séparés dans deux équipes de 11 joueurs, courent sans but bien précis derrière un ballon. Je n’ai jamais vu ce sport.

Non. J’avais plutôt l’impression d’avoir gagné à la loterie, d’avoir découvert un univers entier, riche et infini, où tout était possible et au sein duquel tous les sentiments humains trouvaient leur place. Tout était là. Les grandes gloires communes, les héros, les déceptions, les maudits, les larmes, la joie.

Par hasard, j’avais réussi à entrer dans l’arène, à trouver une place en tribunes et je n’avais qu’une envie c’était d’y rester, de faire partie de cette histoire, de la raconter, de la dépeindre, de la partager avec tout le monde, d’ouvrir les portes du stade. Tout a commencé avec les matchs de football… Raconter des histoires, la petite, la grande, celle qui passe inaperçue. J’ai compris en grandissant que cela ne se limitait pas qu’au foot. La vie c’était ça. Raconter des histoires.

Sinon, on ne fait que regarder 22 hommes en short courir sans but bien précis derrière un ballon. Ou bien, toute sa vie on dit que le Yang-tsé-Kiang est un fleuve chinois. Et on passe à côté de tout.

«Le Yang-tsé-Kiang n’est pas un fleuve, c’est une avenue. Une avenue de 5000 km qui dégringole du Tibet pour finir dans la mer Jaune, avec des jonques et puis des sampans de chaque côté. Puis au milieu, il y a des… des tourbillons d’îles flottantes avec des orchidées hautes comme des arbres. Le Yang-tsé-Kiang, camarade, c’est des millions de mètres cubes d’or et de fleurs qui descendent vers Nankin, puis avec tout le long des villes ponton où on peut tout acheter, l’alcool de riz, les religions… les garces et l’opium…»

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